lundi 17 mai 2010

Une Journée Ordinaire, un vent de déraison et une subtile référence au Roman Maritime


C'était aux alentours de seize heures environ. Je venais de me débarrasser habilement de toute occupation non appropriée pour me consacrer pleinement aux jouissances d'une cigarette, assis sous le soleil pachydermique de l'après midi. J'ai du suer à grosses gouttes, mais je ne m'en suis pas rendu compte. On me tendit avec compassion un joli cône de saveurs que je m'empressai de goûter avec une faim non contenue. Les gens, autours de moi, parlait sur un ton étrange, totalement nouveau, et j'ai alors pensé qu'ils devraient bosser dans la pub.
- ça marcherait, vous savez...
- Comment?
Je n'ai pas poussé plus loin le dialogue. J'avais conscience d'avoir déjà dépassé les limites. J'attendais patiemment que les effets se déclarent aussi chez mes acolytes, et cela me rendit très nerveux. Je décidai plutôt de m'abandonner à l'accalmie de l'herbe, et de laisser s'écouler hors de moi les subtils maelströms de la paranoïa (Et pas la même occasion, j'essayais de retenir cette phrase que mon subconscient délicieusement empoisonné avait fait naître du côté de ma raison pure). Je me souviens alors avoir divagué un certain moment, en pensant à une ménagère de moins de cinquante ans en train de se dévorer la main lors d'une crise de nerf abominable, allant jusqu'à s'oublier sur le carrelage, les yeux révulsés par la folie. Cette atroce idée relevait du délire inacceptable. Un frisson effectua un semblant d'entrechat sur ma nuque. J'ai alors voulu dire quelque chose comme "Wah!", qui n'est, je vous l'accorde, pas du plus bel effet; mais ma bouche articula un baveux "Gloubiboulga", rapidement suivi pas mon index, mimant la chose sur ma lèvre inférieure. Maintenant, J'étais cuis.
- Peut être vaudrait-il mieux jouer cartes sur tables?
Ils ne comprenaient toujours pas.
- Tu as mauvaise mine, vraiment, fis-je comme pour me défendre de n'être moi-même en état d'être raisonné. Mais j'avais très peur d'être invasif. Quoi de pire que de s'immiscer sans vergogne dans le petit monde spirituel de quelqu'un qui vient de fumer de l'herbe?
L'heure de partir approchait à grands pas, et les glandes de mes muqueuses supérieures manquaient cruellement de salives pour abreuver les petits muscles intrinsèques de mon appendice buccal. Oui, en d'autres termes, j'avais la bouche pâteuse. Aussi préférais-je me taire respectueusement, le temps de reprendre le contrôle de mes jambes et de filer en vitesse. Je devais encore traverser la ville et affronter toutes ces personnes étranges. Il y avait des jours où la grande ville m'accablait.

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