
Dans une sorte d'excitation glauque et malveillante, entre deux bruits de bouteilles vide qui créèrent une onde de choc vraiment trop insurmontable, deux personnes se livrèrent entièrement aux sombres divagations de l'alcool. J'assistais, paralysé, au spectacle de l'ultime fermentation corporelle de cette bière infâme coupée au désinfectant. Feignant de m'intéresser vaguement aux trafics nocturnes auxquels se livraient mes compères, j'organisais dans mon esprit une sorte de concile discret qui se résumait à un état larvaire et contemplatif des effets des substances.
L'astre lunaire, soudain, zébra la nuit d'une clarté surréaliste aux accents froids, et humide. L'aventure s'était achevée comme elle avait débutée: dans un débordement d'impressions de chaos joyeux et lamentable, avec quelques touches de folie. Nous étions tous les trois sur le bord d'une route, glacés, tremblant, les yeux retournés par les flux et reflux de la drogue perpétuellement en éveil. Les phares des bagnoles qui nous croisaient faisaient comme des rayons de conscience. Je me souviens d'avoir pensé: Ai-je réellement assisté à toute cette machination? Ai-je réellement VU ces deux primates aux chromosomes parfaitement identiques se livrer en public à des activités d'imitation de préliminaires entre deux Adam? Atrocités. Je me repassais en boucle Too Much dans le cervelet. Comment le dédoublement embryonnaire de la cellule-oeuf intra-utérine avait-il pu créer de concert deux êtres aux velléités d'enculage trop longtemps contenues? Une de mes compagnes d'infortune hallucinée devait penser comme moi, car je pouvais voir le dégout s'accrocher avec rage à son visage en transe. Je voulais oublier. Puis, comme un envoyé du seigneur, un brave type mélomane s'arrête devant nos corps meurtris et accède à nos prières les plus secrètes. Tout était donc possible, de part ce vaste monde.
- Putains d'enculés de beatniks à la con, me suis-je dis. C'est qu'ils avaient raison. J'avais voulu me persuader une dernière fois que tenter le diable de cette manière ne nous mènerait à rien. Et voilà que ce type nous tombe du ciel en pleine Apocalypse. Cela réfutait toutes mes hypothèses, et je me devais, bien que sérieusement inapte à toute stimulation trop violente de mon cortex, de croire à ce qui était en train de nous arriver.
Maintenant, une armée de squelettes jouaient de cet ignoble instrument asiatique grinçant sur mes vertèbres. J'allais rentrer et m'écrouler sans pensées parasites sur mon lit. Ouais, ça me paraissait être un putain de bon programme...
AH AH AH AH AH AH !
RépondreSupprimerOh bon Dieu, t'es terrible !
Excellent, je t'aime d'un amour pur !
Je sais, mon ange
RépondreSupprimerun petit thé?